Je suis le monstre de minuit Ft. Ashley

Il avait fait chaud toute la journée mais ça n’avait pas empêcher Addoth de travailler comme un forcené. En fait depuis quelques jours, il remarquait qu’il avait la curieuse habitude de s’enfoncer dans son travail pour éviter de penser au reste et si c’était une bonne chose aux yeux des managers qui soulignaient à quel point il était dévoué au Beautiful Night, il n’en restait pas moins que psychologiquement Addoth était quelque peu instable et que se tuer à la tâche n’améliorait pas franchement les choses. Sur une corde raide, il faisait pourtant de son mieux pour garder la tête hors de l’eau et éviter de trop se faire remarquer par le patron des lieux, que ce soit en mal comme en bien. Rester dans la moyenne était sa stratégie du moment pour qu’on lui fiche la paix et pour l’instant, il semblait que ce plan fonctionne relativement bien.

Ce soir pourtant, il était assigné à une tâche qu’il n’avait jamais eu pour habitude de faire jusque-là. Une hôtesse avait malheureusement fait un petit malaise et il avait fait la bêtise de se trouver là à ce moment-là, tant et si bien qu’on lui avait demandé de la remplacer en lui assurant qu’il ferait très bonne impression aux dames qui vendraient ce soir. Pour les hommes cependant, Addoth n’était pas persuadé que son visage d’ange fasse son effet, mais tant pis. Il n’avait pas à protester, même si on le mettait là dans une situation tout à fait inconfortable. Il devait notamment accueillir une femme, une habituée, qui avait ici ses entrées et son petit confort. Une pression supplémentaire pour l’ancien soldat qui était sensible au stress. Cependant, dans son t-shirt sombre et difforme et son pantalon en cuir noir, qui lui donnait un air si rebelle, il tentait de garder une certaine contenance. On lui avait parlé d’une femme blonde d’une trentaine d’année, absolument ravissante et pourtant aussi vive qu’un requin, il lui faudrait donc redoubler d’effort pour la satisfaire.

L’intéressée arriva bien deux heures après que la soirée ne soit bien entamée et en la voyant arriver, Addoth sut immédiatement qu’il s’agissait d’elle, tant elle dégageait une certaine prestance. Lorsqu’elle arriva a sa hauteur, il fit une légère révérence pour la saluer et s’exprima avec douceur : « Madame, c’est un réel plaisir de vous recevoir ici, je m’appelle Addoth et ce soir c’est moi qui me chargerait de satisfaire le moindre de vos désirs. » Il lui adressa ensuite un sourire charmant. C’était ce qu’il pouvait faire de mieux et de plus agréable pour ce soir.

Elle avait l'allure de ses femmes d'affaires qui n'ont jamais le temps pour rien. Toujours pressée, à courir à droite et à gauche pour satisfaire leurs besoins et leurs affaires, elles ne prenaient pas le temps de se poser. Mackenzie, son ex-fiancée, avait été une de ses femmes pendant un temps et Addoth n'avait jamais su s'y faire. Mais tout cela appartenait au passé et ce soir, il avait mieux à faire. Même si cette femme semblait rayonner de puissance et de grandeur, il ne devait pas en devenir timide pour autant. "Bonsoir charmant jeune homme, ravie d’être accompagnée, Ashley." Elle était bien aimable de lui donner son nom, mais Addoth savait qu'ici, il valait mieux vouvoyer les gens, s'il ne voulait pas subir une remontrance par la suite. Il lui offrit un énième sourire poli et lorsqu'elle lui présenta sa main, il décida de se démarquer un peu plus. Il se pencha en avant et dans le plus grand des respects, l'embrassa. Ça n'avait rien d'irrespectueux ou de dégouttant, il ne bava pas et ne s'attarda pas dans cette démonstration de politesse. Il voulait simplement poser le cadre. Ce soir, cette dame serait une lady, et en tant que telle, elle méritait un certain standing. Addoth lâche ensuite la main de la femme et se redresse, toujours avec courtoisie. « Elle s'est trouvée faible et à fait un malaise. Pour sa santé, il a été convenu qu'elle se reposerait ce soir. Il semble cependant évident qu'elle serait tout à fait ravie de vous accompagner la prochaine fois. » Jolie pirouette. Cette hôtesse avait surtout intérêt à vite se ressaisir si elle ne voulait pas que les choses se passent plus mal que ça n'en était déjà le cas. Toujours avec politesse, Addoth offrit son bras à la charmante femme.

Addoth ne se défaisait pas de son sourire poli au coin des lèvres. S'il n'était pas totalement a son aise avec la situation il se garda bien de le montrer à cette cliente et tentait d'agir avec un professionnalisme qu'il abordait souvent depuis quelques temps. "Je peux le comprendre une faiblesse cela arrive. Allons y." La femme blonde répondant au nom de Green prit son bras et lentement, il l'escorta jusqu'au restaurant. Il s’avéra qu'il faisait en fin de compte face à une cliente qui en plus de sembler plus qu'aisée était suffisamment bavarde et bienveillante pour que son anxiété disparaisse aussi rapidement qu'elle était arrivée. Les clients de ce genre étaient rares et pendant une demi-seconde, il se senti chanceux de profiter d'une telle occasion. Cependant, il ne fallait pas qu'il se laisse distraire s'il voulait être irréprochable. Il la laissa indiquer sa réservation avec politesse et l'accompagna jusqu'à sa table. Il aurait voulu lui pousser sa chaise, pour l'aider à s'installer, mais elle le prit de court en lui faisant signe de s'asseoir, il se ravisa donc, et toujours avec un sourire poli, il s'installa à son tour. "Prenez le temps de commander ce que vous voulez je désire passer une bonne soirée en votre compagnie c’est moi qui paye pas d’inquiétude." Il prendrait les choses les moins chères, car il n'avait pas été éduqué dans le profit. Cependant il savait de source sûre que certains hôtes ne faisaient pas d'état d'âmes du fait de vivre dans l’opulence de leurs clients. Enfin, il n'était pas comme ça, il hocha donc doucement la tête et gratifia la femme d'un hochement de tête poli avant d'ajouter ; "C'est très généreux de votre part, merci beaucoup." Et, comme il semblait que Madame Green veuille passer un bon moment, il poursuivit, toujours avec la plus grande des politesses ; "De quoi voudriez-vous que nous parlions ?" Il était prêt à aborder tous les sujets avec elle, pourvu qu'elle soit satisfaite à la fin de leur conversation.